Pfouaa ! Mais c'est quoi cette odeur ?!??!!

"Faut dire que je m'attendais pas à autre chose !"

Sarück se tenait dans l'ouverture de la porte, à demi entré et ne sachant pas trop s'il allait continuer...

"A force de naviguer avec le Maudit, j'en étais venu à idéaliser votre bouge !"
Crachant une partie de sa chique après un raclement de gorge prononcé, le marin continua en s'avançant dans la taverne :
"Mais faut dire qu'un autre décor m'aurait foutrement déçu..."

"OHLA ! PENDARDS ! Y A QUELQU'UN ? "

"QUI POUR SERVIR A BOIRE ?"
"ET QUI POUR BOIRE AVEC MOI ??"

Cela fait bien longtemps que la taverne de la piastre Lisse est déserté. Des toiles se sont formés dans les coins. La poussière déjà présente à réussi une conquête totale du territoire. L'odeur du vomi et de l'alcool imprègne encore les murs. Celui du sang versé aussi.

Une jambe trainante se fait entendre à l'entré. Le capitaine Vanertal apparait dans l'encadrement de la porte laissée ouverte par le Poète Damné pour faire entrer un peu d'air.

Son visage est triste, malgré le sourire affiché.


"Reste plus grand chose hein ? Mimile doit pas être loin toutefois ..."

Il entre suivi par deux hommes massifs, qui entreprennent de préparer une table, ramènent des chaises, posent une bouteille, et s'en vont aussi rapidement qu'ils sont arrivés.

"Buvons sur nos réserves personnelles Saruck. Tu sais que la dernière fois que je suis venu ici, j'ai failli crevé ? Perdu mon bras et ma jambe dans l'histoire ..."

Il rit jaune.

"Foutu Bram ..."

L'entrée du pirate tira Sarück de son lent examen des lieux.

Nombre de traces d'une fréquentation passée renforçaient l'apparent abandon qui marquait le présent.
Alors que les hommes préparaient le lieu, Sarück poussa du pied un petit monticule sombre devant lui près du comptoir et eut la surprise de le voir partir d'un trait derrière le meuble.
Etonné, le marin préféra se rapprocher de son hôte et gagna une chaise.

Les traits tirés de l'homme qui lui faisait face attiraient plus le regard que le manque qui jurait pourtant à la naissance de son épaule.
La lassitude se lisait sur la figure figée qui tranchait avec le regard perçant, signe bien présent qui témoignait d'une vivacité certaine.

Sarück jeta un autre regard circulaire à la pièce et pris le verre plein qui attendait son bon vouloir.
Longue histoire que celle qui l'avait amené ici.
Longue histoire que celle d'une vie.

"Foutu Bram..." soupira Sarück à son tour.

Le rhum brûla la gorge du marin en s'écoulant du gobelet.

Reposant celui-ci vidé, Sarück se saisit de la bouteille et le remplit de nouveau ainsi que celui d'Arland.

" Foutu Bram... " redit-il doucement.

L'alcool avait finit par faire atteindre cette douce torpeur aux deux pirates. Celle qui permet de faire des rêves, de parler fort et de marcher de travers. Celle qui fait que se lever trop vite fait tomber très bas. Bref, deux alcooliques qui cuvent doucement dans la chaleur de l'Auberge réchauffer par un feu fait avec des chaises casser dans la cheminé.

L'Arland prit alors la parole. La voix était faible, un peu hésitante.
" Tu sais Saruck, tu m'as surement foutrement sauvé d'la mort quand on c'est croisé y a de ça 7 mois ..."

Il se resservit un énième verre vide. Les bouteilles étaient finis depuis longtemps. Sans le remarquer, il porta le breuvage imaginaire à ses lèvres, et on aurait pu jurer qu'il avait vraiment bu.

" Des mois à naviguer sans personne ... J'étais prêt à foutre le feu à n'importe qu'elle foutue ville, à attaquer n'importe qui au prix de me faire zigouiller sur place ..."

Il s'affale sur sa chaise, presque allongé dessus, à deux doigts de tomber.

" J'te dois plus qu'une vie l'ami ... Plus qu'une vie ..."

Le souffle est fort, nauséabond, le visage rouge et grimaçant. Le pirate eut des temps plus glorieux qu'à ce moment présent, se retenant de son moignon comme une caricature de pochetron.