Echanges de missives avec le Prophète.

Bram au Prophète.


"Oh, je sais, c'est toujours drôle de recevoir la missive détrempée de ç'lui qu'on vient d'expédier boire cette foutue eau salée.
Mais mon but, l'est pas d'vous amuser. Juste de vous mettre au jus de ce que j'vous réserve, sinistres jean-foutres !

J'utiliserais un coutelas bien tranchant.

Le premier coup que je ficherais dans vos corps tremblants sera pour m'avoir abordé. Rien de bien surprenant. Admettons que vous vous y attendiez.

Le second sera pour la manière peu glorieuse du procédé (si j'étais revenchard, j'le qualiferais même de médiocre, mais on me reprocherait d'être un mauvais gueulard incapable d'encaisser la défaite. Donc bon, restons-en au peu glorieux !)

Le troisième sera pour avoir usurper l'illustre nom d'apatride. Pardieu, la peste vous crève, avec vos jolis drapeaux et vos lettres de marque, mais z'êtes rien qu'des vauriens à la solde des rois et des empires. Des apatrides s'abritant derrière la pogne des nations, est-ce ce dont vous rêviez ? Foutredieu ! votre arrivée aux Caraïbes a dû comporter son lot de sales surprises, pour que vous en soyez réduit à ce misérable paradoxe.

Le quatrième coup, ben ce sera pour vous faire arrêter d'hurler vos suppliques. Sachez qu'ça sert à rien d'pas assumer, quand je vous tiendrais entre mes mains vengeresses, ça sera moyenâgeux et c'est pas vous qui m'arrêterez !

Le cinquième coup sera pour vous être associer à une gueusarde, coupable de la répression d'une mutinerie et ayant empoisonné tous les marins à bord pour le compte de son capitaine ! J'ai rarement vu pire saloperie qu'monter en grade par cette méthode.

Et un sixième pour aborder un pavillon national. Classique.

Bref, quand les murs de vos cabines seront aussi ensanglanté que vos corps inertes, j'estimerais que vous avez eu vot' compte. Et je vous oublierais certainement bien vite, après avoir tout d'même trouver un joli épitaphe pour vos maudits cadavres :
"Pirates ? Pas vraiment.
Nationalistes ? Pas vraiment.
Morts ? Assurément !"

Le Diable vous emporte !

Bram le Bâtard."

Le Prophète à Bram :

"Une tempête dans un verre d'eau...salée.



Ainsi vous avez survécu l'ancêtre, j'aurai pourtant juré que vos os poreux vous avaient entraîné au fond. Peut-être ne vouliez vous pas mourir avant de nous avoir fait rire une dernière fois!

Complétons vos ambitions au ralenti :

Après de nombreuses tentatives d'abordages, aussi dépassées que maladroites, vous profitez de l'hilarité générale pour grimper à bord de mon navire.

Vous sortez votre lame, approchez de ma cabine, ouvrez la porte et...recevez une balle en plein genoux droit. Votre visage se crispe un instant, le temps de recevoir une seconde balle dans l'autre genoux.

"Relevez vous mon ami, je ne suis qu'un homme", vous dis-je simplement...

S'en suis une longue diarrhée verbale, inspiré sans doute des problèmes d'incontinence de votre génération, à laquelle je met rapidement un terme.

Au petit matin vous vous réveillez dans une chaloupe, seul, avec pour unique souvenir de cette nuit un verre d'eau et un miroir.
Meurtris par les morsures du soleil vous vous précipitez sur le verre d'eau...salée, déjà vous recommencer à pester.
Soudain vous apercevez le reflet d'un visage marqué d'un A allant des joues au front, vous serez les poings et y découvrez une autre blessures.
Un petit message gravé dans le creux de votre main: "il vous reste encore les yeux pour pleurer"

Voilà d'après moi comme cela se passera, mais estimez vous heureux, car le sort réservé à votre mégère de blanche neige des Caraïbes, fera du votre une douce retraite.

Le moyen âge est passé et vous avec, pourquoi vous accrocher à une vie qui vous dépasse?"

Bram au Prophète :


"Foutredieu ! La réponse m'a fait rire, et j'ai recraché mon rhum.

Y a maintenant un septième coup de coutelas que j'vous dois, car c'était quand même du damné bon rhum, et j'en ai plus tellement. La faute à des maudits chiens galeux qu'ont envoyé sous l'eau ma réserve d'bouteilles près des récifs de Maracaibo Nord, en même temps que mon illustre rafiot !

Il y a des crimes qu'on ne pardonne pas, nous aut' !
J'subodore salement qu'la bleusaille qu'vous êtes apprécie peu le rhum, mais c'est un peu comme si j'vous f'sais recraché votre lait chaud : ça vous mettrait dans une humeur sanglante, humeur qui me traverse ce soir !

Aussi, y aura possiblement plus de sang sur les murs de vos cabines que dans vos corps lors de notre rencontre prochaine...

Que le Diable vous emporte !"

Le Prophète à Bram :

"L'Honorable Piraterie


Vieux bouc,

J'ai une bonne nouvelle à vous annoncer, vous pourrez d'ici peu asséné 3 des 7 coups que vous me réserviez...à vos amis, en particulier le Français...

Je vous suggère:

"Le second sera pour la manière peu glorieuse du procédé" la leur ne l'étais pas moins.

Le "sixième pour aborder un pavillon national. Classique." (ce faire passé pour un français solitaire, après toutes vos injures au capitaine arborant ce type de drapeau..ce n'est plus une blague c'est un sketch!)

"Le quatrième coup, ben ce sera pour les faire arrêter d'hurler " Vous devrez peut-être commencer par celui-là, car il parait qu'on les entends déjà pester depuis La Hacha...

Enfin rajoutez-en un pour nous avoir laissé filer, normal.

Winston...Il dort encore d'un sommeil trop profond pour ne pas avoir été drogué avant son départ...Encore une bassesse de l'un de vos hommes, assurément.

Allez voguer l'ancêtre, la mort vous attend.

"Honorables? Pas vraiment.
Héroïques? Pas vraiment.
Juste Vieux? Assurément !"

Bram au Prophète :

"Le chiot tentait de mordiller le loup : celui-ci répondit d’un sale coup d’dents, distraitement, l’éventrant sans scrupule.
Puterie, j’ai l’art pour les magistrales métaphores ! j’remue un peu l’surin dans la plaie, pour être bien sûr que qu’ça s’infecte : comment allez-vous, mes bons bougres apatrides ?
Héhé.
Reste que la revanche s’est pt’être fait sans honneur comme tu l’affirmes l’Prophète. J’ajouterais même : j’espère bien ! On dit que le Piastreux, c’est la pire mauvaise herbe, qu’il a l’honneur de vivre dans le plus complet déshonneur. Et c’est résolument exact.
Ca nous fera salement nous esclaffer quand on percera joyeusement des tonneaux d’rhum dans les cimetières remplis d’tous les macchabés crevés avec honneur ! Et qui aura la joie d’s’enivrer, rigolard, gouailleur et bien vivant ?
Je ne distribuerais donc pas de coups de coutelas dans mes rangs, je pense d’toutes manières que j'risque de tant émoussé ma lame dans vos tripes qu’elle ne servira pas plus à grands choses après notre entrevue.
Oh. Je vois ce que tu vas me rétorquer : et pourquoi l’ancien, t’ouvres ta grande gueule revancharde pour nous reprocher le côté peu glorieux de notre attaque sur ta joli frégate de course?
Quand je fais les questions, notons quelles sont fichtrement pertinentes !
Et bien sache, marin de carnaval, aspirant navigateur, chiot des mers, que d’une, j’aime les paradoxes. Et je les assume aussi. De deux, argument plus sérieux, vous veniez de profiter de l’hospitalité d’une ville pirate, et vous m’avez attaqué en profitant de l’ouverture et de la liberté offerte par nos villes. J’sais pas, ça mérite pas un coup d’couteau une déloyauté comme ça ?
Ah je conclus, avec une citation. « Enfin rajoutez-en un pour nous avoir laissé filer, normal. »
Avec le recul, ça fait doucement sourire nan ?
On est loin d’être quitte mes bons bâtards, c’la dit c’est dommage, parce que j’apprécie les réponses de ce gouailleur de Prophète et votre crédo de « place aux jeunes ». Passé le septième coup de coutelas, le cœur n’y sera plus…

Que le Diable, la peste et la petite vérole vous emporte !"