Le retour du clébard...

CAPITAINE, CAPITAINE !

S'il y avait bien une chose qui insupportait le Commodore Teafrog, c'était bien de se voir contrarié dans la délectation de son breuvage favori, à savoir du thé avec une pointe de rhum. Mais tout le flegme britannique aidant, il déposa savament sa coupe sur son bureau, et s'essuya la commissure des lèvres de son mouchoir, avant de poser un regard distant mais courtois sur son interlocuteur, à savoir son bosco.

"Si fait, mon ami, je vous écoute céans."

Quelque peu désapointé par la remarque du capitaine, qui visiblement, ne partageait pas son état de panique la plus totale, le gros marin reprit :

"Capitaine... Un galion visiblement amélioré fonce sur nous..."

"Et ?"

"Et il arbore le Jolly Roger..."

"Mais encore ?"

"Il y a le crâne fêlé juste dessous..."

Il faudrait lire cette dernière phrase en s'imaginant un violon agoniser, si possible.

"Absurde, nul n'a entendu parlé de Dalil depuis la prise de Gran Grenada."

"Mais Capitaine, il y a des chiens pendus aux mâts..."

Long silence.

"Gardons notre calme. Tout le monde sur le pont. Sabordez le navire."

Le Commodore finit son thé, sortit une plume et un papier, et entreprit de finir son testament.

Une dernière pour la route...


Amis,

je crois que ceci est la dernière fois que vous entendez parler de moi... Les canons des frères de la côte réduisent mes voiles en charpie, alors que mes gars repoussent actuellement le quatrième assaut porté contre mon navire.

Sont pas mauvais les bougres. Je serais fier d'eux si j'en avais pas autant rien à foutre. Ah bordel, c'était la belle vie, y'a pas à dire. Voguer à vos côtés, massacrer comme il faut tous ces abrutis qui croyaient vouloir nous soumettre.

On en a vécu de belles, y'a pas à dire. On en a mis sur la gueule à un bon paquet. Je regrette rien c'est vrai. Excusez moi un instant.

Voilà, le temps de mettre ma dague dans l'oeil à ce connard de je sais pas quel bord d'ailleurs. Ils sont quatre sur moi, ne vous en déplaise. Ca me fait bien plaisir, je les aurai fait chier jusqu'au bout. Mais je pensais pas qu'ils étaient déjà au point de venir me dégotter jusque dans ma cabine.

Bref, piastreux, ceci est la dernière fois que vous entendez parler de moi de mon vivant, je le crains. Pas mal de soulagement pour beaucoup, et pas mal de combats en moins dans les caraibes, c'est probable.

Bref, je vous dis pas longue vie, parce que sans moi, je donne pas cher des piastreux, mais je vous dis quand même bonne route, parce que malgré toute ma mauvaise foi et mes coups de gueules, mon sale caractère et mon crâne fêlé, c'était tout ce que je pouvais espérer de la vie, et j'y ai eu droit.

Merci bande de bâtards, et espérez pas me l'entendre dire deux fois.

Bram, je pensais pas crever avant toi, alors bute les tous.
Mon très saint père, tente pas l'extrême onction, tu y passerais la nuit, et je durerai pas jusque là, et pis en fait, je préfère aller voir en bas ce qui se passe.
Arland, sale chien, t'es vraiment le plus énergique de nous tous, amlgré tout ce que tu t'es pris dans la gueule, et même par moi. Sache que t'es un bon, fais le leur savoir.
Mc'Sko, t'as porté les piastreux comme un vrai bâtard, continue tes coups de gueule et à pourir les tavernes de ta prose énergique.
Les autres, allez en enfer, histoire de m'y retrouver et qu'on fasse plus ample connaissance.

Adieu... J'ai une petite tuerie qui m'attend.

Une dernière pour la route.


Capitaine Dalil