Où Treviso se ramène... Le bordel s'ensuit...

Nombre de messages : 8 Date d'inscription : 20/11/2008

- Foutre Pute ! Il est où le Bram Hawkins ???? Hein ???? Et cette vieille charogne d'irlandais colérique qui répond au nom immprononçable de Mac Skorley ??? Il est où ???? Et cette jeune folle de Tremayne Crow, hein, où il est ?????

Le Vénitien venait d'entrer, une carte à la main...

- Et bien c'est du propre mes poulettes ! Vous aviez caché cette planque à Tonton Treviz ???? C'est pas bien foutre Dieu...

Comme personne ne venait, il sifflota, tapa du pied... Puis il ôta un de ses gands de soie vénitienne blanche et le secoua de droite à gauche...

- Les Poulettes ??? Si je vous dis ce que je vous ramène, peut-être bien que ça vous fera rappliquer...

Il sourit...

- Alors... Si je vous dis... Barriques... Si je vous dis... Grappa.... Si je vous dit... Champignons...

Dans un des sombres coins de la taverne, pistolets et bottes sur la table, se balançant distraitement sur sa chaise en sirotant Bible et rhum, l'entrée du Vénitien avait dérangé la lecture du Révérend. Son regard se posa sur l'arrivant, le temps de l'identifier comme l'un de ces personnages d'opérette, aussi inutile que nuisible, puis, replongea dans la prose de Saint-Jean. Lorsque la comédie ridicule du triste personnage commença pour de bon, sans quitter des yeux les douces visions d'Apocalypse, une voix aussi rugueuse que son message s'éleva de l'alcôve:

- Et si je te dis: "dégage!" ?

T'étais pas dans la forêt à enculer des indiennes toi ? Qu'est-ce que tu fais dans ce lieu de perdition à disposition d'notre cardinal ?
L'endroit est dangereux pour les faux-pirates hahahaha ! Pas sur que Mimile apprécie que la concurrence pointe le bout de son nez juste sous ses yeux.

Esther qui siroptais son jus de canneberge en silence s'amuse des pitreries du nouvel arrivant sans comprendre la fibre de son message.

Nombre de messages : 8 Date d'inscription : 20/11/2008

- Foutre Pute, vous voilà bien tous là tapis dans l'ombre comme de sombres glands !

Il alluma une torche...

- C'est que c'est pire que dans le cul d'une none, ici ! On n'y voit que dalle et en plus... ça pue le renfermé...

Il ouvrit grand toutes les fenètres du lieu, une à une, calmement et méthodiquement...

- Voilà... Ah ben c'est déjà mieux, vous trouvez pas ??? Pas étonnant que votre charismatique jeune premier soit tubard avec cette atmosphère !!!

Il sortit une chopine de son veston...

- Un peu de grappa ?

Puis il but une gorgée... et se tourna vers Crow lui tendant la bouteille...

- Ah t'es là aussi vieille raclure... C'est bon d'vous revoir... En effet, enculer des indos c'est un passe temps agréable mais il n'égalera jamais, ô grand jamais, la douce et spirituelle compagnie d'intellectuels fins et distingués dans votre genre... C'est pourquoi je me suis mis en quête... J'avais besoin de vous retrouver... J'avais envie de venir... Comment dirais-je ? Dicerter de choses et d'autres dans votre admirable salon...

Il insista pour que Crow saisissent la bouteille...

- Oui, je n'ai jamais été et ne serai jamais pirate... Je préfère laisser aux autres les basses oeuvres... C'est ainsi... Je ne suis ni ne serai d'avantage Corsaire ! Ahahahaha ! Je ne suis rien de bien précis, en réalité... Et j'aime n'être que cela... Ahahahah ! Quoi qu'il en soit, il est vrai, que je m'ennuyais, dans ma foutue jungle... Et puis... Je me suis demandé : qu'ai-je donc encore à vivre, ici bas ? Quelle aventure tordue et folle pourrait encore raviver la flamme qui est en moi ? Alors Foutre Pute, j'ai cogité ! Et là, trouvant votre carte, comme par hasard, mais il n'y a pas de hasard, ou alors le hasard est le pseudonyme de Dieu lorsqu'il veut garder l'anonymat, bref, je me suis dit : tiens, si j'allais proposer quelque chose, n'importe quoi, à ces ladres puants de Piastreux... Ladres puants que j'aime, cela va sans dire... Comme j'aime ce ladre d'Hawkins qui fut, dans une autre vie, de ma confrérie...

Il regarda Blacktooth.

- Ah Esther ! Savez-vous que j'ai une soeur nommée Esther, en Europe ? C'est bien là votre prénom, n'est-ce pas ? Un si jolie prénom... Enchanté Ma Dame...

Il regarda un calepin pour vérifié que la gente dame se nommait bien ainsi puis s'adressa au révérand...

- Alors, heureuse ?

Voilà qui avait assez duré. Pour toute réponse à la pique lancée, la Bible se ferma. Le Révérend avisa quelques uns de ses gabiers attablés non loin de la porte et désigna du menton le Vénitien. Raclement de chaises, bruits d'étoffes, cliquetis métalliques se dirigent à pas lourds vers le trouble-fête. Celui-ci se retrouve ainsi entouré d'une douzaine de ces types qu'on ne préfèrerait jamais avoir à rencontrer; patibulaires enfants de salauds à qui le Révérend avait inculqué les mots 'violence', 'vice' et 'destruction' jusqu'à leur propre chair. L'un d'entre eux, désignant la porte d'une de ses pétoires, croassa: "J"crois qu'le patron z'a dis d'sortir.... alors ou tu t'en vas sans histoire, ou la poiscaille d'la baie s'ra ravie"
Rictus et sourires aussi mauvais que les hommes qui les arborent. Lentement, et malgré les verbillages incessant du Vénitien, celui-ci est, ballottant entre les gaillards qui l'entourent, poussé vers la sortie à grand renfort de pistolets dans les côtes. Une fois le seuil passé, l'un des marins du Révérend, sentant sa position de force, cracha: «Et t'avises pas d'rev'nir raclûre. S'non moi et les gars, on s'assura qu't's'ras plus pareil après qu't'ai bouffé tes mains. Allez, r'tourne d'où tu viens et soit content d'le pouvoir.»

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Le Vénitien s'en alla en saluant ses hôtes comme il se devait, avec une démesurée révérence.

Il ordonna à son équipage de déguerpir au plus vite...

Au large, depuis sa tartane, lorsqu'ils furent hors de portée, il fit tirer un boulet qui parvint tout juste sur le seuil de la vieille baraque des Piastreux, sans faire aucun dégat...

Sur le boulet, il avait gravé :

Avec les remerciements du Vénitien
pour ce chaleureux et délicieux accueil.
Le Vénitien vous aime !
Que Dionysos bénisse vos os !

Comme tous les boulets du Vénitien, celui-ci ne détruisit absolument rien... Il était désormais posé là, à l'entrée, inutile et nuisible comme une idée du Vénitien...

Sa tartane s'enfonça dans la brume puis disparu du regard des Piastreux...

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Le Vénitien fit alors appeler Letta, second du Vénitien...

- Letta... Nous sommes hors de porté ?

- Affirmatif Treviso...

- Bien... Donne-moi de quoi écrire....

Il s'isola et écrivit. Chose faite, il s'empara d'un pigeon puis y attacha le message avec un large sourire...

- Vole vers l'île...

Quelques heures plus tard, la bestiole fut interceptée par les sbires du révérend...

Treviso a écrit:: Cher Révérend,

Veuillez tout d'abord m'excuser pour ce départ précipité mais j'avoue que l'idée de manger mes mains n'était pas des plus excitantes... Non que votre idée fut mauvaise !!! Loin de là !!! Mais voyez-vous je crainds que ma chaire, tout comme mon esprit, ne fût véritablement comestible...

Et puis il est vrai qu'une discussion intime n'était pas aisée en présence de vos hommes...

Je tiens cependant à vous présenter mes respects et le cas échéant, si Dionysos venait à nous rassembler de nouveau, ce que je souhaite, tant votre présence et votre discussion m'ont semblé agréable, ce sera avec plaisir que je vous présenterai mon séant afin que vous puissiez punir, à souhait et comme bon vous semblera, ou comme bon semblera au Très-Haut par votre intercession, mon insolence qui, j'en conviens est parfois sans borne...

Punition exécutée, je devisera théologie ou tout sujet qui vous intéressera, avec grand joie.

J'aimerais en effet connaitre votre opinion concernant plusieurs points de théologie, tels par exemple la concupiscence, ou encore la sodomie de haute mer, qui depuis longtemps me turlupinent et qui, j'en suis sûr, n'ont plus de secrets pour vous.

Ainsi je me ferai avec plaisir et consentement joyeux votre disciple.

En attendant votre réponse qui je l'espère ne me fera pas languir, et en attendant de pouvoir de nouveau partager votre intimité pour bénéficier de votre profond savoir et pour apprécier votre compassion, veuillez Mon Cher Ami, recevoir le témoignage de mon plus profond respect.

Admirativement,

Treviso,

Grand Maîstre errant des Passagers du Récif.

L'Irlandais, quant à lui, avait remarqué l'arrivée de l'éternelle tartane vénitienne et avait vu s'éloigner Treviso vers le quartier-général Piastreux avec un certain amusement, sachant qu'il serait reçu avec tous les honneurs qu'il mérite.

De son côté, une fois son maître rendu loin, il s'était approché du navire dans l'espoir d'y croiser la femme de l'autre, la tendre et toujours aimable Nina; Ama Perez, la muse de Villa Hermosa!

Il monta ainsi à bord tout en saluant avec humeur les passagers et matelots pour qui la vue de ce pirate n'était pas la première attraction; après tout ils venaient de vivre un petit moment parmi des indiens appréciatifs de certains plaisirs grecs.

Tout à son affaire, le vieil Alasdair ne sut trouver la belle de son ami, si bien qu'il se résolut à chercher la second merveille de ce vaisseau: la cale à Grappa!

*****

-Treviso!

L'appel provenait du second, Leitta. Le ton, décisif, laissait entendre que celui-ci en avait un peu marre de voir son capitaine se perdre en doux écarts philosophiques sur la pureté du vol intemporel de l'oiseau. En bref, il avait quelque chose d'important à dire à son capitaine rêveur.

Le Vénitien enculeur d'indiens se retourna pour faire face à son interlocuteur.

-Qu'y a-t-il, Leitta? Parle.

-Il y a que nous avons un problème.

-Lequel?

Des cales, une voix incertaine se fait entendre.

-"Moi! Fout'! Y'a c'bien d'march' à c't'scalier?"

-C'est cela. Un capitaine pirate irlandais nommé Mc'Skorley a cru bon de s'inviter à bord. Il cherchait ta "gueuse de femme" mais s'est ravisé pour la grappa, menaçant quiconque lui barrait le passage de finir aussi "manchots que c't'idiot de Tremayne Crow", ricanant à voix haute.

-"Póg mo thóin, l'canon m'a r'veillé. L'est où là, l'aut' gueulard d'V'nitien?"

Mc'Skorley sortait avec peine des cales, s'aidant du mieux qu'il pouvait avec les éléments autour de lui, une bouteille de grappa aux trois quarts vide à la ceinture, titubant même lorsqu'il ne faisait que tenter de se tenir droit. Visiblement, il avait bien bu.

L'histoire ne dit pas si le savoir-faire et la rapidité avec lequel le boulet avait été gravé furent salués par le Révérend, toujours est-il qu'une réponse parvint, plus tard, à bord de la tartane d'un célèbre italien.

Le Révérend a écrit:: "Cher ami sodomite,

Sachez que, pour ma part, je ne le suis qu'avec les donzelles, et non avec les hommes aussi ridicules et bouffants soient leur habits. Aussi, vous comprendrez aisément, que la sodomie de haute mer relève uniquement et entièrement de la relation que vous pouvez entretenir avec votre salope de femme ou vos gabiers, c'est selon le jour et le temps j'imagine. Pour ce qui est de la concupiscence, je vous invite à vous laisser aller à elle et à la faire partager car d'elle naît les vices les plus profonds et les plus sombres des hommes, et je ne peux que me réjouir de voir que de bons et loyaux apôtres tel que vous répandent, voire même épandent, chaque jour un peu plus, les primaires instincts de tout un chacun. Je pourrai m'étendre plus longuement sur le sujet, si seulement cela ne m'ennuyait pas autant de devoir de par la suite discourir à nouveau avec votre personne, dont l'utilité toute relative m'amène à dire que vous n'êtes qu'un nuisible de plus à écraser sous ma botte.

Ha! J'oubliais. Vous avez oublié ici quelque effet personnel que je ne manquerai pas de vous rendre si jamais Dieu (ou Dyonisos, ou le hasard, selon votre humeur calamiteuse) fait nos routes se croiser.

Capitaine Vankoekenbeek."

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Le Vénitien ne put s'empêcher de sourire lorsqu'il reconnut le timbre de voix caractéristique de l'Irlandais...

- Foutre Dieu ! Mais c'est ce vieux saligaud de Mac Skorley ! Te voilà donc embarqué parmi mon équipage ?!

L'Irlandais lançait à l'attention du Vénitien quelques jurons qui eurent choqué des oreilles chastes... Cependant les oreilles du Vénitien n'étaient plus vierges depuis bien longtemps et les jurons de l'irlandais lui procurèrent quelques délicieux plaisirs.

- Tu permets que je termine la lecture d'une missive de l'un de tes amis ?

Il lut à haute voix la missive du révérend comme s'il s'agissait d'un compliment. D'ailleurs, le Vénitien était à ce point tordu qu'il croyait vraiment qu'il s'agissait d'un compliment...

- Tes amis sont délicieux, l'Irlandais... Bien mais que fais-tu parmi mes hommes en mes cales ?

Il observa l'une des barriques qui fuyait...

- Pipo, mon ami, fit-il à son canonier, aurais-tu la bonté de refermer le robinet de cette malheureuse barrique en train de se vider ? Je n'aime pas le gâchi...

Puis s'adressant à Mac Skorley :

- Tu aurais pu au moins la finir, Foutre Pute ! Voilà bien des méthodes d'Irlandais !

Il descendit en cale et pris Mac Skorley par l'épaule.

- C'est bien belle chose que tu sois ici ! Nous manquions justement d'un prêtre... Oui tu te souviens peut-être de mon Jésuite, celui que nous avions acheté à des amis Indos pour nous divertir à bord... Et bien ce satané fils du diable a cru bon nous fausser compagnie, un soir de pleine lune... Il me manque donc un... comment dirais-je... Un guide spirituel digne de ce nom pour mon équipage de pêcheurs invétérés... Serais-tu prêt à assumer ce rôle ?

Mac Skorley tenta de lui décrocher une droite mais à mi-chemin son bras se laissa choir le long de ses hanches.

- Ah je te retrouve bien là ! Mais dis-moi, tu as quelques avances sur moi côté alcool...

Il s'adressa à Leitta.

- Mon frère, fait en sorte que les barriques soient hissées sur le pont... et BUVONS !

Les hommes s'empressèrent de monter les barriques. Ils semblaient d'avantage agairi à ce type de manoeuvre qu'au canonage...

- Regarde-les accomplir leurs geste dans un sublime balet ! N'est-ce pas beau de voir cette parfaite mécanique humaine, unie dans l'effort qui les mènera à l'ivresse ?! N'est-ce pas là une magnifique démonstration de ce que l'homme peut accomplir de Grand ? Certes... Ils sont moins bons à la guerre... Mais lorsqu'ils s'agit de dresser banquet, mon ami, ce sont les meilleurs !

Il installa son ami sur le trône...

Le Vénitien avait fait installer un trône sur sa tartane. Suprême folie que cette grandiloquence... Il s'y asseyait et dirigeait de là ses batailles...

- A tout seigneur tout honneur... Lança-t-il... Tu m'as l'air d'avoir pris une sacré avance sur nous, côté ivresse. Tu mérites donc d'être assis sur le trône de Dionysos !

Un matelot leur apporta deux godets de grappa...

- Savourons ! Vois-tu, c'est bien dommage que tes jeunes compagnons n'aient pas accepté de m'entendre... Les bonnes vieilles valeurs se perdent... Des coups de pied au cul, ou plus si affinité, voilà bien ce que mérite ces jeuneots sans foi ni loi que je ne peux cependant pas détester tant ils me rappellent le fougueux connard que je fus aussi à leurs âges !!!

Il éclate de rire...

- A mon éqpoque, on savait tout de même d'avantage faire croire qu'on écoutait et qu'on respectait les vieux cons de mon espèce...

J'm'étais dit, tiens, j'vais aller leur parler de la Cour des Miracles, je vais aller deviser avec cet ancien jeunot prometteur qu'est devenu le tuberculeux lettré Bram... Je vais les saouler au propre comme au figurer pour le simple plaisir de saouler ce tas d'oisifs dépravés... Refaire le monde avec eux...

Mais les temps ont changé... Bah, cela ne m'effraie guère. Ainsi va la vie ! Une nouvelle génération remplace la précédente... La précédente ne la comprend pas, ne comprend plus le monde et c'est temps pour elle d'accepter de passer...

Finalement la nature est bien faite... Mais je ne suis pas là pour pleurer comme une donzelle, foutredieu, sur un passé qu'est mort et j'm'en fous !

Non ! Je suis là pour boire à ta santé de nouveau prêtre de la Mare Irae ! Ce fier navire tartano Vénitien ! Que Dionysos bénisse tes Os l'Irlandais... Mais dis-moi... Tu ne te serais pas embarqué avec l'idée d'honnorer mon épouse, par hasard ?