Où Lafleur vient saluer les piastreux et discuter

Le capitaine Lafleur avait quelques appréhensions à rentrer dans ce repère pyrate que toutes les Caraïbes redoutaient. Peu coutumier du language fleuri, il essaya tout de même en poussant la porte de s'adapter:

Bien le bonjour à vous les piastreux. Tout d'abord je me présente: Lafleur, ambassadeur de la Révolution personelle et de la Plume Noire. Après mon ami Van de Prûijt c'est moi qui vous paye une petite visite afin de tailler le bout de gras. J'ai quelques trucs que je trouve importants et que je vais vous exposer. Mais d'abord débouchons cette bouteille de Mezcal que je nous rammène des cotes du Yucatan, et qui ira très bien avec ces quelques enchiladas.

Sortant sa blouse de tabac afin de se fourrer une petite pipe Lafleur surmonta son appréhension, fit comme si de rien était, et alla s'asseoir sur une des chaises de la salle. Malheureusement, ses gestes artificiellements décontractés le trahissaient comme un homme aux manières habituellement plus guindées.

Lafleur sursauta lorsqu'il se rendit compte que trois paires d'yeux l'observaient depuis une alcôve sombre. En regardant plus attentivement il vit qu'il s'aggissait de Crow, son ombre égyptienne et son quartier-maître.

Dis nous mon gars, t'aurais pas les chocottes des fois ? Un sourire narquois apparu sur le visage blafard de Crow.
Alors ? Qu'est-ce qui t'amènes dans le coin à part une tentative de corruption à l'alcool ?

La réputation du lieu n'était pas usurpée semblait-il... Il fallait s'y faire et se lancer. La voix était tout de même tremblante sur les premières syllabes:

"Bon-bonjour à vous au f-fond, ainsi donc la corruption à l'al-alcool ne marche pas ici. Quel dommage... Enfin bon, je laisse tout là au cas où. Bien, pourquoi je viens? Je viens pour savoir quelles sont les valeurs qui, selon vous, définissent la pyraterie."

"C'est une petite marotte que je me suis lancé dernièrement de savoir quelles sont les convergences entre tous les pyrates des Caraïbes, enfin bon ceux qui voudront bien y répondre. C'est pour ça que je viens vous voir. Pour que vous m'expliquiez, en dehors de tout contexte, quelles sont les valeurs qui dictent vos actes. Pas de références aux autres corsaires, pas de politique, juste l'Utopie!!"

"Bien, seriez-vous prêts à m'instruire?"

Un peu plus à l'aise, le débonnaire Lafleur se servit une rasade de Mezcal avant de commencer à tirer sur sa pipe, se concentrant sur les paroles de ses interlocuteurs.

Crow saisit la bouteille et s'en servit un verre.

Finalement et vu ce dont tu veux qu'on parle... la bouteille ne s'ra pas de trop ma foi ça peut durer longtemps, même sans parler des faux pirates, des traitres et de politique.

L'égyptien et le quartier-maître étaient restés dans l'ombre de l'alcôve à observer Lafleur. On eu dit que leurs yeux étaient des éclats dans les ténèbres, leur corps presque invisibles... Lafleur entendit l'un d'entre eux faire craquer les os de ses doigts tandis que Crow lui parlait accoudé à la table de Lafleur, sous une lanterne pendu au plafond qui se balançait lentement, faisant trembler les ombres du sinistre établissement

Pour commencer et comme la plupart des glandus des caraïbes, on est là pour être libres et ne plus subir les règles europpéennes. Mais c'est bien plus que ça encore. Aucune forme de gouvernement, aucune loi, aucun chef, juste le chaos, l'égalité et la fraternité......

Un fracas de bottes étaient en train d'approcher. Un bruit sourd de quelque chose de lourd qui racle le sol. Un porte qui s'ouvre à la volé grâce un puissant coup de pied. Une voix rauque et joyeuse qui entone :

"Nom de toute les putes borgnes des caraibes ! Visez c'que j'ai trouvez chez Mimile ! C'te cochon nous avait cacher ..."

Vanertal s'arreta net et lacha l'énorme tonneaux de Rhum qu'il tirait depuis la cave.
Il dégaina précipitemment son pistol et le pointa vers Lafleur et avança vers lui à grande enjambé.

"Bordel t's'rais pas une raclure d'cette vermine Marachalienne ? T'as envi d'crever ? J'vais t'y aider !"

Comme toujours Vanertal usait de tout son sens de la diplomatie et était au courant de la situation ...

Lafleur se sentait peu à l'aise, mais voilà enfin une ouverture pour pouvoir s'expliquer et sonder les protagonistes de la discussion:

"Monsieur, sachez que si je dois périr ce sera sur mon bateau et pour une cause plus noble qu'une erreur de jugement. J'ai certes passer de longs mois en compagnie des Maréchaux mais je n'en suis plus pour des raisons qui me sont personelles. J'ai décidé de défendre ma propre idéologie de la pyraterie, idéologie dont certains aspects sont incompatibles avec l'organisation des maréchaux. Mais je n'en tire aucune conclusion sur leur valeur, d'autant plus que maintenant ils offrent à tous les pirates un soutien qui, s'il est différent, a aussi l'avantage de tirer dans le bon sens."

S'adressant maintenant à toute l'assemblée:

"Mais je suis ici pour parler Utopie pyratesque. Je crois comprendre que vous voyez en l'anarchie la possibilité pour chacun de s'exprimer comme il le sent, mais avant tout une absence voulue de tout contrôle. Me tromperais-je?"

Crow regarda Arland avec un haussemet de sourcil. N'aimant pas vraiment le Mezcal de Lafleur il vint trainer le tonneau de rhum, aidé par le fouettard.

On l'ouvre où on attend que les potes viennent ?

Ils semblaient ne même plus songer à la présence de Lafleur, comme si Arland avait déjà tiré...

- …ainsi donc la corruption à l'al-alcool ne marche pas ici…
Bram, écroulé mort saoul à une table sursauta soudainement lorsqu’il entendit prononcé cette phrase INSENSEE, ABSURDE, INSULTANTE qu’un homme qu’il n’avait pas vu arrivé avait lancé comme à regret. D’une voix pâteuse, il répondit immédiatement, comme par réflexe :
- Foutre ! qu’est c’qu’il nous chante c’t’animal ? Sûr qu’ça marche ici foutredieu !

Il avait beau s’agiter, personne ne remarqua son intervention, tellement sa voix était faible. Il entreprit donc de se remettre en douceur et laissa la conversation filer un peu. Quand il s’aperçut qu’elle était intéressante, il fit un effort pour y participer :
- Arland…. Arland…. Arland…. J’crois qu’il dit vrai l’bougre… J’ai entendu causer d’sa confrérie… les Chevaliers de la Plume Noire… Rien à voir avec les maréchaux tu peux m’croire…

Voyant qu’Arland semblait un peu adouci, il se tourna vers Lafleur :
- T’es là pour parler d’Utopie pirate ? Bon, j’veux bien moi.... Mais j’aime pas causer le ventre vide alors, balance moi ta bouteille foutredieu !

Après moultes hésitations après l'intervantion d'Arland, Lafleur saisit la perche qui lui était lancée en s'emparant de la bouteille de mezcal et d'une enchillada qui paraissait particulièrement bien conservée du voyage. Tendant l'eau de feu fermement à son interlocuteur, et proposant l'enchilada:

"Monsieur, rien ne me ferais plus plaisir que de trinquer avec vous à l'avenir des idées libertaires dans les Caraïbes. Je m'excuse par avance pour certaines lenteurs et un certain manièrisme que je n'ai pas encore totalement effacé. Mais qu'il fait bon, foutre dieu, de se retrouver dans un lieu de franc-parler où les disputes seront je l'espère fécondes !!"

Après avoir laissé son interlocuteur boire une bonne rasade, et s'être resservi lui-même, Lafleur tenta de capter toutes les personnes présentes par une question posée sur un ton un brin guilleret. Il fallait dire que l'alcool commencait à lui monter à la tête:

"Messieurs, pour commencer je voudrais éclaicir ce que vous appelez pirate. Qu'est un pirate? Un homme d'action ou un homme défendant des idées? Ne voit'il pas plus loin que le bout de son sabre, ou alors plus loin que l'horizon?"

Devant la stupéfaction provoquée par cette question aussi peu coutumière, Lafleur ressenti une certaine fierté.

"Messieurs, si j'ai pu vous faire plaisir avec cette bouteille d'alcool, le ferais-je tout autant en vous proposant la mastication de cette herbe aux pouvoirs miraculeux utilisée par les indigènes?"

- C'qu'est un pirate ? Puteborgne ! Mais z'ont tous la même question qui leur flotte à la trogne ma parole !

Voyant que Lafleur ne comprenait pas, il poursuivit :
- ... c'est qu'on vient de m'poser cette question l'ami ! y a pas d'ça trois jours. Et j'pas eu l'temps d'changer beaucoup d'avis d'puis. J'ai gardé l'brouillon de c'qu'j'ai envoyé à l'autre enfant d'salaud qui m'le demandait - qui m'réponde un jour foutredieu ! où j'm'en irais l'écorcher vif...

Stupeur dans l'assistance : le pirate fait... DES BROUILLONS ! Déjà, quelques sourires apparaissent au coin des lèvres devant une habitude qu'on croyait définitivement réservé aux gentilhommes guindés et autres crapules aux mains trop blanches pour être honnêtes.
Bram ne semble s'apercevoir de rien et extirpe une feuille. Les sourires redoublent devant l'état du document, totalement détrempé. Haha ! pt'être bien qu'faire un brouillon c'était pas prévu finalement, mais que le capitaine était en train de l'écrire lorsque l'Isla del Belle eut... "un léger problème de flottaison" - salauds de Dies !

- Alors autant que j'te la lise hein ?
"Mon but n’est autre, assurément, que de faire réagir les individus de votre énorme Tout, de semer la subversion parmi ceux qui s’en revendiquent…
Je n’apprécie moi-même aucun ordre établi, aucune hiérarchie, et je déteste l’immobilisme. J’estime que la révolution se fait peut-être avant tout dans sa propre existence et sans concession, en remettant en doute ses propres choix à chaque instant. Oh ! cette contestation
permanente est foutrement déplaisante et usante, on se rend rapidement compte que le peu qu’on a franchi doit être contesté et souvent abrogé, et que la sécurité et la stabilité ne sont qu’un luxe inaccessible - si du moins l’on veut resté vraiment libre de toutes attaches… Mais on finit par aimer ça je suppose !
J’ai fondé la confrérie Piastreuse dans cette optique, et je n’hésiterais pas à la dissoudre, du moins à la quitter, s’il s’avérait que cette organisation me liait trop. C’est d’ailleurs ce qui me plaît le plus en elle : cette confrérie est terriblement fragile, et si nous l’aimons foutrement, nous n’hésiterons pas à la détruire si elle devient envahissante, ou si elle nous oblige à renier certains de nos idéaux. Si elle nous déçoit en somme…
« Je connais d'expérience le pouvoir des idées. J'ai vu des hommes tuer en leur nom, et mourir en les défendant… »
Je m’souviens plus qui a dit ça, mais peut-être que même les idées doivent être remises en question. Ou peut-être seulement les actes qu’on mène en leur nom.
Bref, j’ai conscience que tu dois te demander où j’veux en venir… Ben, j’ai deux réponses à cette question.
La première, c’est que le rhum a été bon c’soir, et qu’on a toujours tendance à écrire tout c’qui nous vient en tête et à philosopher à tout propos quand il parcourt notre sang.
La seconde, c’est qu’ça t’aidera à entraver ce que j’entends par c’qu’est un pirate.
Parce qu’un pirate pour moi, du moins comme je les rêve c’est à dire « idéalistes » je crois, c’est quelqu’un qui va chercher l’absolu dans ses actes. Quelqu’un qui cherche à rester juste, non pas comme un jésuite ou un cureton en s’basant sur un livre et en s’pétrissant à coup de dogmes, mais en pensant, en étant capable de tout remettre en question, en provocant, en discutant avec tout ceux qui ne sont pas d’accord d’avance, en refusant la facilité du bien-être, les pensées toutes faites, les compromissions (quand il a raison), la raideur (quand il a tort), la peur, la médiocrité et plus généralement toute domination.

Pour l’reste, un pirate c’est un marin, il boit du rhum, parle fort et tringle la donzelle foutredieu !
J’espère t’avoir répondu clairement.
Salut à toi !"

La lecture avait été pénible, quelques passages sautés ou récités de mémoire car l'encre avait sérieusement détrempé. Bram se tourna vers Lafleur :

- Et toi l'ami, t'ai-je répondu clairement ?

Après avoir mastiqué durant la lecture de son interlocuteur, puis avoir rajouté quelque poudre blanche dans sa bouche, Lafleur reprit la parole avec assez peu d'élégance. Il fallait dire qu'avec une grosse boule de feuilles vertes dans la bouche, c'était pas facile...

"Excellent monsieur. Je m'attendais à tout sauf à une profession de foi!! Et ce que j'entends me plait, dans sa grande majorité. J'avais peur en rentrant ici de tomber sur une bande de brutes organisée..."

Devant les quelques regards de flamme de l'auditoire, Lafleur s'empressa de continuer sa phrase:

"... mais il faut reconnaitre que cela était dû à des messages colportés dans toutes les Caraïbes à propos des brigands piastreux. Je m'aperçois maintenant qu'il n'en ai rien et que vous faites preuve, (désignant d'un geste ample Bram) au moins vous, d'un idéalisme dont découlent vos actes. Je crois comprendre que votre confrérie a été crée sur ce principe."

Beaucoup plus doucement, juste à l'oreille de Bram:
"mais l'autre affreux qui voulait me tuer suit lui aussi ces principes ou c'est juste une très grande gueule?"

"Organisé ? Nom de toutes les putes borgnes ! J'espère bien qu'on l'est pas mon gars !"

Arland avait finalement suivit la conversation d'un oeil suspicieux et la main sur son tonneaux pour que Crow ne le vide pas entierement. c'est qu'il était sensible à l'alcool le petit ...

"Quels sont les "messages colportés" qui circulent sur nous ? Qui sont les chiens galeux qui crachent dans not' dos ?"

Arland se servit un énième verre de Rhum et en tendit un autre à Lafleur

"Mon salaud, c'est toi qui est avec l'autre Roberts et Pruitj ? Tsss j'arrive plus à suivre moi ... Mais l'aut' gueulton m'avait fait une bonne impression !
Bois un coup mon gars.
Si t'es un pyrate, apprete toi à vivre l'enfer ... surtout si t'as des ideaux ! On en bave tu peux l'croire ! Mais foutrepute, on aime ca ! Pas vrais l'tuberculeux ?"

Crow avait accompli le miracle de se procurer une choppe propre et l'avait. plongée dans le tonneaux pour la remplir. Après l'avoir vidée cul-sec pour goûter il se retourna vers Lafleur.

On doit vraiment raconter n'importe quoi à notre sujet ! C'est l'opposé... on est totalement désorganisés et on n'a rien de brutes épaisses ; on trouve toujours des idées très imaginatives pour faire souffrir les royalistes...

Lorsque Lafleur s'était adressé à Bram en apparté, il avait entendu
l'autre lui répondre instantanément, mais ces quelques paroles
s'étaient perdus dans le flot bruyant de propos qui s'échangeaient.

Ce dernier continuait maintenant dans la conversation principale :
- J's'rais moins définitif qu'vous sur l'sujet d'l'organisation, mes bâtards.
Moi, vrai qu'je rejete l'organisation qui se fonde sur l'autorité, l'commandement, qui soumet ou noie l'individu dans un foutu grand ensemble, qu'ça soit l'Etat, le Royaume, la Nation ou tout autre infâme terme inventé par ces enfants de salauds de tyrans pour s'diviser l'monde...
Mais l'organisation par affinité, par l'choix d'individus libres, j'y vois rien d'mauvais. J'pense même qu'elle est indispensable pour s'affranchir.
Bon, l'est vrai qu'dans les faits, la confrérie piastreuse vient généralement pas en tête pour décrire quelquechose d'organiser.
Pourtant, l'est foutrement plus solide que beaucoup d'autres, parce que cimenté par l'amitié, l'indépendance et la liberté de ses membres. Et ça vaut bien toutes les hiérarchie du monde s'lon moi foutredieu !

Justement c'est tout sauf de l'organisation ce qui nous maintient en un tout cohérent ! C'est un modus vivendi, une fraternité ; comme au sein d'une famille, sauf qu'il n'y a pas d'parents ...

Bram, un large sourire triomphal aux lèvres tenta de conclure :
- Ouais, et ça porte un nom, mon bougre : c't'une ORGANISATION libertaire.

"Yaarr !!!!!"
"Levez moi vos verres mes frères ! j'aime ces paroles nom de toutes les putains des sept mers !"

Arland leva son verre et bu tout son saoul. Les moment de détentent avaient été rares ces derniers temps ...

Bram comme a son habitude avait levé sa bouteille, du rhum ambré qu'il avait pillé chez Bob le borgne :

- "Que le Diable nous délivre des Anglais et de l'Angleterre ! Santé !"

Il tendit une autre bouteille de rhum à Lafleur. Tous le guettaient, attendant visiblement de voir sur quoi il allait trinquer avant de boire...

Lafleur, qui s'était tenu volontairement à l'écart lors des échanges précédents, reprit la parole:

"Excellent messieurs, portons un toast à votre organisation (oserais-je dire confraternité) libertaire. Pas d'acte communs, si ce n'est lorqu'il faut défendre nos libertés. Je vois que malgré nos différences de façade, nous avons la même vision de la pyraterie. Pour ma part je ne renie pourtant pas l'autorité."

Devant la foule de regards qui de braquèrent sur lui, Lafleur dut réagir:"Bien sur toute autorité doit être motivée, càd posséder une raison à son exercice. Par exemple lorsque mes compagnons s'élancent à l'assaut d'un navire nationaliste, je deviens capitaine parce qu'il faut bien qu'une personne assure le bon déroulement tactique de l'opération. Bien sur, passé l'abordage, je redeviens un marin comme un autre. C'est pourquoi l'autorité me paraît nécessaire, mais afin d'éviter toute dérive, il faut qu'elle ne s'exerce que dans le cadre défini à l'avance par les protagonistes. Après cela, tout le monde peut vivre de la façon qu'il croit bonne. C'est le manque de ce dernier point qui m'a fait quitter les maréchaux.

On en revient donc au but initial de ma visite. Je vais maintenant vous poser une question cruciale."

Lafleur prit une pause afin de captiver au mieux l'attention de son auditoire. Ce temps lui servit pour retirer la boule de feuilles qu'il machait depuis quelque temps.

"Question difficile de plus... Seriez-vous prêt à collaborer, malgré toutes vos différences, avec des pirates qui ne partagent pas votre manière de vivre? Je ne parle pas là des idéaux qui nous animent (car au fond je pense que nous ne sommes pas très éloignés, et au risque de vous surprendre, pas tant éloignés que ça des maréchaux), mais de la façon dont nous penson les appliquer."

Bram s'arrêta un moment pour réfléchir. Ca l'aurait emmerdé de ne pas trouver à redire sur la nécessité de l'autorité... Il voulait la voir en noir, la rejeter toute entière tellement il l'a détestait : il la voulait son exact opposé.
Aussi, bien qu'il trouva le discours de Lafleur intelligent, il objecta :

- "Mouais, ça m'rend méfiant tout d'même "l'cadre défini à l'avance par les protagonistes" dont tu causes là. S'il est définit par TOUS les protagonistes, individuellement, et qu'il peut être remis en question le plus souvent possible, alors disons qu'il recouperait ce que j'appelle l'organisation libertaire.
Mais si ce cadre permet simplement d'déléguer sa volonté et son destin à d'autres, longuement ou définitivement, j'en veux foutrement pas !
Tu vois, c'est ce que j'ai toujours haït dans la mise en place du conseil Révolutionnaire : certes, il permettait au peuple de choisir ses tyrans, mais en aucun cas il ne permettait de les abolir. Le choix était plus large, mais il ne posait pas la bonne question, qui aurait été de savoir si oui ou non une autorité permanente doit exister. A cette question, j'ai répondu non, évidemment, et j'ai quitté le camp des révolutionnaires - qui ne l'étaient pas assez.
Et puis ce cadre, je le répète, l'est important qu'on l'épouse individuellement. La domination de la majorité, bien qu'elle soit sans doute préférable à celle d'un petit nombre, je la refuse.

Quant à ta dernière question, je sais pas trop si je l'ai bien comprise... J'veux bien qu't'en dises plus l'ami !"

"Ben disons que ma confrérie est plus que petite, surtout depuis qu'ils ont pris Van de Prüijt. Je me demandais si une proposition d'alliance pour prendre un port ou couler une flotte de ces chiens de nationalistes pouvait trouver échos à vos oreilles. C'est pas une proposition pour une opération sur l'heure, mais plutôt pour savoir s'il y aurait moyen dans l'avenir... de s'entraider au combat, ou par l'échange d'informations."

Lafleur tira une fois de plus sur sa pipe. Avec un petit sourire en coin il reprit:

"Une entente libre en somme. Sans cadre, assez flou, pas défini à l'avance par tout le monde, qui n'engage à rien sinon à partager un peu avec des personnes aux combats assez proches."

Ce dont tu nous parles existe déjà l'ami, c'est la fraternité pirate !
Evidemment qu'on viendra en aide à nos frères pirates s'ils ont besoin d'un coup de main pour casser du nationaliste.
Et puis la libre circulation des informations et de l'aide entre les pirates c'est l'assurance que les loyalistes auront le plus grand mal à nous avoir.

Et pour l'ami Pruijt, il n'est pas seul. Ils paieront pour ça aussi, foi d'pirate !

"Et bien, vous m'en voyez ravi. Mais même si vous semblez penser que ceci est naturel chez les pirates, je n'en suis pas si sur... De trop nombreux pirates ne font confiance qu'à leur propre idéologie pour faire avancer la cause. C'est triste mais c'est généralement comme ça."

Invité

aargh c'est quoi ces discutions de fillette ? Bon dieu fermer là si si c'est pour ne rien dire hahaha MIMILLE !!! T'EST OU BORDEL, IL VIEN CE RHUM !

Donc je disais, Fratérnité pirate ? hahahaha comment ose tu donner un nom comme ça, on appel ça le feeling et l'honneur c'est tous nom d'une salope en bois. Rive Sud par exemple c'est des pirates mais certenement pas mes frères si j'en avais un sous la main il finirai la tête dans le cul de ses autres camarades !!! je n'aide que les hommes qui m'on prouver êtres pirates par l'honneur et qui ont du bon rhum en cale pour les fois où on se croise en mer. YAAAAAAAAAAAARRRRR !!! QUE LA MERDE NATIONALISTE CREVE !!

Bref sourire
J'ai dit que c'était notre famille... mais c'est pas parce que quelqu'un fait partie de ma famille que je l'apprécie. J'en connais plus d'un prêts à égorger des membres de leur famille
dès qu'ils le pourront. Certainement pas parce que mes frères sont les pirates que je vais tous les apprécier.

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