La fierté du Lys

L'albinos avait propulsé une chaise d'un coup de pieds sur le maudit. Suffisamment fort pour le faire tomber. Certes peu compliqué de faire cela à un boiteux.
Toujours fut-il que la faible précision des pistoles associée à une chute brutale fit rater leur cible aux deux... mais le bruit de verre qui avait accompagné les coups révéla que des bouteilles avaient du être victimes du meurtrier coup d'éclat.

Tremayne tenait maintenant en main sa propre pistole et tapotait avec contre sa tempe comme pour réfléchir.

Voici la situation telle que je la voie mes gueusards : Vous avez vidé vos pistoles, la mienne va bien. J'ai des intérêts en chacun de vous.
L'un apporte des canons et une présence distrayante de plus, l'autre dispose de notre plus gros... outil de travail ?
Bref ! Derrière il y a la forteresse de Gibraltar que je compte bien voir s'écrouler sous mes yeux. Pour ça on aura bien besoin d'une frégate, et de la cargaison du duc. Mais allons parler de ça dans l'arrière-salle. Qu'est-ce que tu en dis Bram ? Bram ?

Bram était livide. La bouteille de rhum 1600 qu'il avait encore en main avait explosé à l'impact ; l'autre...

Se relevant et s'epoussierant

Nous pouvons hélàs voir que ce monsieur n'est pas maitre de ses impulsions et cela peut etre tres dangereux pour un homme tel que vous ! Pas mal de gens vous recherche pour vous exiber tel un trophé ou pour vous vendre au plus offrant !

Bien concidérons l'incident clos ! Bram, monsieur l'albinos, vous venez je vous offre une seconde bouteille à chacun de 1600 !

Puis attrapant par le col Arland il lui dit à l'oreille

Sache gueux que tu es que j'ai une pleine cargaison de 1599 et il ne tient qu'a toi de l'avoir si tu me présentes des excuses ou si tu fais la paix avec ma personne !

- BOOOORDEL !

Bram contemplait le désastre, visiblement trop saoul pour s'intéresser à autre chose qu'à sa bouteille. Il sortit également sa pistole, ne sachant pas bien quoi en faire, mais disons qu'il la sortit pour le principe, pour se mettre dans l'ambiance qui devenait funeste.
Il sembla sortir de sa rêverie éthylique lorsqu'il croisa le regard de Crow :

- Ce que j'en dis ?

Il marqua une pause. Ses yeux reprirent leurs lueurs ironiques et provocatrices habituelles, visiblement, il en avait fini de jouer à l'imbécile imbibé d'alcool, et n'avait pas perdu une miette de ce qui se jouait :

- J'en dis qu'le nobliau et l'Arland sont pas prêts d'tomber d'accord ! Le nobliau arrive ici comme un illustre prince, donne des ordres, et ça nous amuse, jusqu'à c'qu'il rencontre le plus mauvais gueusard des Caraïbes, en la personne de Vanertal. Vanertal, y supporte pas c't'attitude, ça le fait pas rire, même pas un peu...

Il regarda Arland :
- De là à dire que t'as pas le sens de l'humour, foutredieu, y a qu'un pas que je me garderais bien d'franchir ! Là où j'suis pas trop d'accord avec toi, c'est quand tu dis qu'on devrait l'exécuter. Il n'a plus trop d'rapport avec un quelconque roi, il vient même de franchir un noble cap - si j'ose dire : l'est sur la route de la piraterie là. Et exécuter un pirate pour son foutu ton, Sangdieu, faudrait pt'être qu'on soit tous capable de dérision, sinon la piraterie me paraîtrait aussi dramatiquement sinistre et tyranniquement prétentieuse qu'la voie nationaliste !

Il se tourna vers le Duc :
- J'peux faire pas mal de choses pour une bouteille, mais pas laisser tomber un camarade aussi précieux qu'mon vieil ami l'Arland. De deux choses l'une, soit tu nous garantis qu'le ton avec lequel tu jactes, c'est rien qu'une blague. Et j'en rirais avec toi. Soit, t'attends vraiment des excuses, et ton sérieux l'est véritable, et en ce cas, je crois que notre discussion s'arrête là foi d'moi !

Bram, croyez vous que je rigole ? Nous avons notre fierté, les faits et geste de ce monsieur sont disproportionnés par rapport à ce que nous avions pu dire ou penser à son encontre. Va pour les excuses mais nous ne voulons pas de conflit ! Nous ne sommes point lache et encore moins couard mais sachez que s'il faut allez au turbin et bien croyez moi ou pas nous serons le premier à avoiner !

Quoiqu'il en soit, nous avons pour vous une bonne bouteille et nous souhaiterions continuer de palabrer sur la prise de Gibraltar ! Notre brigantin rapide est stationné à Maracaibo pour y vendre le minerai de fer que nous venons avec l'aide de Joach de prendre à un espagnol trop chargé !

"Foutre !"

Arland avait du mal à se relever et après sa troisième tentative, réussi à se remettre sur pied. Il regarde d'un air attristé le Rhum répandu sur le parquet. La taverne sera bientôt plus alcoolisée que ses clients ...

"Le Crow, fait plaisir de savoir que je vaux autant pour toi qu'un foutu inconnu sang bleu. Je m'en souviendrai l'moineau, tu peux en être sur."

Un crachat par terre, puis le Maudit tourne les talons en lâchant en direction des deux piastreux :

"Il a pas intérêt à être là quand je sortirai d'la cave les gars. Il pourrait lui arriver des bricoles ..."

Vanertal s'éloigna en boitant plus qu'à l'habitude. Il se dirigea vers la trappe qui cachait une salle de réunion crasseuse. Au moins, on lui foutra la paix là bas.

Joach qui laisse paraitre un énervement grandissant s' approche de la table

S' asseyant il se met à fixer le nouveau pendant quelques instants, le temps est comme figé.
D' un mouvement rapide, il attrape l' oreille du jeune Français et lui plaque le visage contre la table en bois.

" Maint'nant tu m' écoutes bien mon p'tit gars !! J' t' ai pas amené là pour que tu prennes tout le monde de haut ! On en a rien à foutre de ta lignée, on en bouffe trois comme toi chaque matin ! On aime les mecs qui en ont mais pas ceux qui n' ont qu' la gueule, t' es de quel genre ?
Les raisons de ta venue, tu les craches dans la foulée sinon j' te fais bouffer ta merde et j' te vire à coup d' pied dans l' cul avant qu' Arland remonte t' exploser ta p'tite tête ? Ok ?"

Relachant la préssion, Alex de Barrois se redresse et remet son col en ordre...

Baart était tranquillement dans la cave, éclairé par des bougies, une bouteille de rhum et dans un plat des morceaux de viande et des fruits; la trappe s'ouvrit et au son des pas, ce ne pouvait être qu'Arland.

S'lut le Maudit, à ta gueule, je vois qu'ça t'as mis les nerfs en pelote, votre discussion, j'ai rien compris et je m'enfous!, par contre cette bouteille de rhum 1600, devrait te donner meilleur mine!

Baart sourit en regardant Arland droit dans les yeux, sa main droite prit la direction d'une caisse et sortit une bouteille. Les yeux d'Arland brillèrent dans l'obscurité de la cave.

J'ai trucidé deux marins qui transportaient cette caisse, un de ces abrutis de français se vantait que c'était une caisse trés précieuse.
Alors du coup, je leurs ai facilité la tache, et putevierge c'est du bon rhum, deux beaux crus!
Goûtes moi ça!

Alex se relevant et remettant bien son uniforme dit

S'en est il des façons ?

Bien alors oui messieurs nous sommes venus ici pour différentes raisons.

La première réside dans le fait que le roi de France ce mécréant nous à volé tous les biens que nous possédions en France mais aussi aux antilles. Nous souhaitons nous venger de cet affront et de par la même profiter de l'aubaine que vous me faites de m'écouter pour vous aussi vous en mettre plein les poches et accroitre votre réputation dans la caraïbes.

La deuxième réside dans le fait que nous savons le prestige, l'aura ainsi que la camaraderie que vous lie les uns aux autres, nous sommes venus vous trouver car faisant fit de notre lignée de "sang bleu" comme vous le dite avec autant de raffinement, nous voulons nous intégrer et devenir à notre tour pirate ! Nous voulons vous prouvez que notre ligne de conduite et d'honneur réside dans une fidélité à toute épreuve et dans le fait que nous avons pour devise et acte vaincre ou mourrir ! Aussi nous vous proposons de nous associés pour un temps et de vous montrez que nous sommes digne d'etre parmis vous en tant que pirate ! Nous voulons lutter contre le nationalisme et faire de la caraïbes le fief des fiers et légendaires pirates de votre confrérie. La règle VI et VII de votre code s'applique pour nous aussi et nous tenons à vous le prouver !

Messieurs nous ne sommes pas venu vous voir en ennemi ni encore moins pour vous insulter ou vous mépriser mais vous devez savoir que nous sommes pret à tout pour montrer que nous avons des "couilles" comme vous le dites et que nous sommes a la croisé de notre destiné ! Nous savons qu'il est tres possible que nous allons mourrir ce soir mais nous prenons le risque de vous exposez le pourquoi de notre venu ! Aussi après si vous voulez manger du sang bleu alors vous pourrez le faire nous ne nous défendrons point !

Alex se rassit et bu la moitié de la bouteille de Rhum de 1564 qu'il avait a coté de lui

- Très bien gueusard, l'est pas faux qu'les Piastreux peuvent débattre de ta demande. Attends-nous là, éclaircit ton foutu sang bleu à grandes rasades de bon rhum en nous attendant ! On te dira ce qu'on a collectivement décidé. Ca s'ra surement tard dans la nuit, mais ça s'ra fait.

Bram écrivit quelques missives à destination des absents, et se dirigea vers le Sous-Sol, situé non-loin de la piastre lisse.

Bien bien nous attendrons ! Hé Bram

Alex lui envoya une nouvelle bouteille de 1600 et lui dit

Pour la route l'ami

Bram revint quelques heures après, et s'installa en face de De Barrois.

- Bien mon gueusard ! On s'est réunit donc pour causer de ta demande, à savoir devenir un Piastreux. J'te fais pas attendre : la réponse c'est non. V'la les motifs : on te connaît pas encore bien, et déjà, y a eu de nombreuses étincelles entre toi et quelques pirates d'ici, qui laissent rien présager d'bon pour la suite.

Il s'interrompit un instant :

- J'veux surtout pas présenter ça comme une contrepartie, car c'en est pas une, et de plus, j'crois qu'quand on assume des choix réfléchis, y a pas à en offrir. Mais difficile pour moi d'introduire ça autrement qu'en commençant par "par contre".
Par contre, donc, les Piastreux comme leurs alliés souhaitent continuer à agir en ta compagnie, au sein de notre plaisant petit regroupement d'énergiques canailles ! Ca nous donnera l'occasion de voir si nos doutes sur ta demande sont justifiés, et d'refaire un débat si on voit qu'on en a plus rien à cogner d'ces doutes-là. V'là donc les instructions pour te rendre au Sous-Sol, notre repaire.

Il déposa sur la table une petite feuille, et se leva lentement, saluant de la tête De Barrois.

Sur la petite feuille était inscrite :

"Mais ou diable se réunissent les rats quand ils veulent couler un navire ?

Le Sous-sol est une petite salle très simple que les Piastreux louent, sous le "Drunken Coin". 1000 piastres par mois, c'est tout ce que demande le propriétaire pour cette salle et pour son silence sur ce qui s'y déroule. On y accède par l'arrière de la bâtisse, puis par une trappe. Personne ne vous remarquera entrer. Personne ne s'inquiétera si vous ne sortez pas.
On est au calme ici."

Mille merci demoiseau !