Escale chez les Piastreux

Bram, pendant qu'Arland apostrophait bruyamment le nouveau venu, s'approcha de Vankoekenbeek, et lui glissa à demi-mot, en aparté :
- Pardieu mon révérend ! Tu reprends du service, ou quoi ?

Un sourire ironique plus tard, il poursuivit :
- Tu sais c'que j'en pense de la prudence, moi : mieux vaut crever d'en avoir trop voulu que d'survivre sans avoir essayer !

A ce moment, et comme pour illustre ses propos vantant ceux qui essaient, Arland privé de la chaise s'écroula bruyamment.

Le Révérend, amusé, plisse les yeux, souriant l'un après l'autre aux Piastreux présents, ignorant superbement ceux se trouvant par terre. Puis, redevenant austère et fermé, haussant les sourcils et poussant un soupir lassé, il joint les mains, les repose devant lui et soucieux fixe Bram.

Bon alors... Qu'est-ce qu'on en fait?, lâche-t-il désignant Joach du menton, et tapotant négligemment son arme, comme si l'autre était déjà mort et qu'il ne manquait qu'à l'enterrer.

Je pense qu'il souhaiterait qu'on lui montre l'enfer...
rire goguenard
Faisons honte à St-Jean... il est sympathique ce bougre...

En crescendo. Alors quel vice, quel pêché nous dira si il est des nôtres? Le jouera-t-on au dé? Au pistolet? Ou bien ferons nous une orgie comme nous n'en avons plus fais depuis Tampa, histoire de voir si il sera encore en vie quand nous bourrerons encore et encore sa gorge de nourriture. Ou alors... la Luxure... Pourra-t-il seulement se regarder en face, quand nous lui aurons fait prendre une fillette de force? Rire. Puis fixant Joach. Ou bien lui ferons nous commettre des massacres et des violences dont il se sait peut-être même pas capable? Pause. Son regard allumé se pose sur Crow. Puis, très calmement.

A quelle sauce allons-nous le manger... Toi, pour autant qu'j'me souvienne, on t'a envoyé à la mort contre un fort. Ce serait un peu désuet de faire la même chose. Alors... Qu'en dis-tu, piastreux?

Je pense qu'on pourrait l'envoyer dans un raid solitaire contre les hollandais de Florida ou Cedar Keys... voila de quoi mettre son outillage à l'épreuve à mon avis...

Mouais... Déjà fait... T'as pas mieux?

Se grattant pensivement la barbe, comme si il pesait le pour et le contre de chacune des propositions, Vankoekenbeek jauge Joach, observant chacune de ses réactions.

On pourrait l'envoyer nous ramoner la louve des NN pour que ses anciens copains aient connaissance de l'aptitude pirate au don de soit ?!
Ou bien on pourrait aussi le balancer attaché dans un tonneau vide en pleine mer et lui donner 3 jours pour nous rejoindre à un rendez-vous. Sinon reste la possibilité de nous servir de lui comme appât pendant nos pêches au requin...

Bram reprit la parole, et dans un murmure, récita :
- "Je ne vois personne maintenant qui, entendant parler seulement de Néron, ne tremble au seul nom de cet exécrable monstre, de cette vilaine et sale bête féroce".

Son sourire n'avait pas quitté ses lèvres :
- Mais, ignores-tu, ô toi qui écrit si bien, que si moi je tremble, ce n'est simplement que par pure haine, et bien noble envie d'épancher le sang rougeâtre de la bête ?

Il saisit son arme, négligemment. Le sourire avait disparu, mais la voix était toujours aussi sereine, bien que teintée d'une nuance de menace :
- Camarades, il vous faudrait hâtivement penser à d'autres épreuves...

Silence dans la taverne. Y en a toujours un pour ruiner la bonne ambiance...

"Ho doucement !!!! Rangez vos flingues !!! Il y a si peu de résistants qu'il serait dommage d'en perdre si betement !!!

Pour la premiere fois, un sentiment de panique s'empara de Joach...Il trouvait les deux pochtrons sympathiques malgré leurs airs bourrus, mais cet homme qui prenait sa défense attirait son attention..
Il lui semblait familier....
Joach ne croyait pas au destin, ni au hasard,pas plus en Dieu...Les hommes ? Plus que leur cruauté, leur faiblesse, leur gout pour le gain le faisait desesperer de l'espece humaine. La guerre par exemple, n'était selon lui justifiable que par le refus des peuples à se soumettre à un opprésseur.Encore faut il...Joach amorcait un pas vers l'arriere

"Ne vous battez point pour moi les amis !!!Posez moi encore toutes les questions que vous voulez, j'y répondrai .
Des demain, je me dirige versTampa et si vous avez besoin d'aide....Faites moi signe !

Se demandant où avait bien pu passer ce mimile, la gorge seche,allumant un petit cigare:
"Mim..keuf..keuf...Mimmmmmmille !!!! A boire pour tout le monde ou je tue le chien !"

Faisant un pas en arrière, Joach c'était cogné dans le Crow qui se tenait toujours juste derrière lui, et qui lui posa les mains sur les épaules tant pour l'immobiliser que le contraindre au calme.

Craindrais tu le comportement des piastreux lorsqu'ils accueillent un comparse en leur sein ? Lui chuchota-t-il à l'oreille avec un soupçon de moquerie.

Le masque tombe en même qu'Arland qui tente de se relever. Les traits du Révérend se détendent pour ne plus afficher qu'une morne expression. Ses airs déments abandonnés, il se lève et pousse un long soupir. Il ramasse son arme, et lentement, alors que, Mimile ne répondant pas un certain silence, c'est installé, il se dirige à pas lent vers Joach. Arrivé près de lui, resserrant d'un geste machinal sa prise sur la crosse ouvragée de son pistolet, il lui souffle son haleine avinée au visage, tout en l'observant. Puis l'abandonnant totalement, il se dirige à pas lourd vers le fond de la salle, en énonçant.

I' vaut rien c'gars là, Bram. Ya qu'les gens qu'ont pas l'étoffe pour être piastreux qu'hésitent d'vant c'qu'on leur dit... Même le Crow... Enfin bref.... et en disant cela, il se rassoit avec poid à sa table, puis fixe durement Joach et lâche. Contre.

Esther soupire aux paroles du révérend.
elle lâche :

"Contre, on l'as deja entendue celle la ...
On ne nais pas tous couillus, j'en suis la preuve vivante.
Laisse lui la chance de s'en forger une paire en combattant pour la bonne cause, foutu évangeliste aviné."

Elle regarde Vankoekenbeek d'un air sévère, beaucoup trop pour son âge.
A peine sortie du landau, elle as deja les traits tirés par toute la dégueulasserie du monde.

L'Irlandais sembla sortir de sa légère torpeur amusée lorsque le mot couille - ou son équivalent adjectival - fut prononcé. Son regard, jusqu'alors assez figé et à peine ponctué de quelques ricanements lors des nombreuses chutes de ses coreligionnaires en destruction et pillages.

Calant sa chope d'un trait, il tapa brusquement de son autre main le cul de la jeune Esther, tout en lançant:
-"Mouais, on l'sait gamine, qu't'es pas née 'vec une paire d'couilles, tudieu!"

Se retournant vers ses camarades, il poursuivit sur le même ton.

-"Tant qu'à vous aut', tas d'bâtards, j'vous entends tenter d'le tester comme si vous cherchiez à l'épater et qu'ce s'rait une pucelle d'bordel! Mais j'vous rassur', mes bons gars, des couilles..."

Il porta sa main à ses deux orphelines.

-"... il en a 'tant qu'j'peux en avoir, croyez-moi!"

L'air malicieux, il regarda tour à tour les deux nouveaux et les autres Piastreux avant de continuer.

-"Z'êtes tous là à vous toucher l'bas vent' sur des dates et l'Den Briel, s'voir c'qu'il y 'rait fait, à huit, dix ans. 'lors qu'vous oubliez l'truc l'plus important, m'est avis: l'pauvre bougre et son ami, l'Lib là, ils ont bien d'immenses roustons, ou bien ils sont fêlés d'la feuille..."

Alors que Mc'Skorley laissait attendre, ce fut Vankoekenbeek qui le coupa, d'une voix nette.

-"T'entends quoi, l'Irlandais? Crache."

Un sourire sur les lèvres, l'vieux capitaine irlandais termina, en articulant bien ses mots.

-"J'entends, mon bon Révérend, que l'Hollandais et son ami Libertaire sont venus ici... sans armes. Or, je prétends qu'il faut ou bien être frappé au crâne, ou bien être le plus couillu des ladres de la Nouvelle-Orléans à Macao pour oser se présenter ici sans le moindre pistolet. Et que leurs beaux discours pris en compte, ce fait à lui seul vaut qu'on leur donne leur chance. Personne n'entre ici sans porter notre étendard ou un canon portable.

J'suis POUR! Mimille, à boire, pute borgne!"

Il se servit lui-même depuis le pichet laissé là sur le comptoir, renversant un peu de bière sur la table au passage.

Soupir.

J'appelle ça d'la pure inconscience, pas d'la couillerie. On dirait d'ces donzelles qu'espèrent trouver d'l'aventure dans nos bras, et qui n'trouvent que la luxure dans nos cabines ou les quartiers d'l'équipage. Ils s'rendent même pas compte de c'qu'ils approchent et d'ce que ça veut dire. Putain d'Dieu... Donnons leur leur chance de prouver qu'z'ont pas des noisettes mais des galions, et puis quoi... et pour quoi? Pour s'apercevoir qu'la piraterie s'délite de plus en plus, et que les capitaines pirates, les vrais, pas ces putains d'poseurs qui pensent juste à leur putain de gueule comme quoi la liberté c'est un bateau et tout le toutim, bah i's'comptent sur mes dix putains de doigts! Mais allons-y, donnons leur du pays à ces deux bougres, donnons leur de l'orgie, donnons leur du sang et de la poudre, qu'ils finissent par en gerber!

Patiemment, l'Irlandais avait écouté Troelsen cracher son morceau. Cet homme avait décidément plus de hargne que lui que tous les chiens des neufs enfers... réunis.

Puis il posa sa chope, tranquillement et dit simplement:

-"J'en déduis qu'ça t'va s'ils portent l'tendard et qu'ils crèvent du cul-de-jatte à dr'peau 'vec nous, cam'rade?"

Qu'ils l'fassent. J'pourrai pas l'empêcher avec l'tas d'ladre qu'on est. Vankoe' part d'un grand rire, tout en ramenant près de lui, une bouteille de rhum. Il en boit une lampée puis reprend, doucement. Mais si ça s'révèle des putains d'poulies coupées ou des bites molles, j'me réserve l'droit d'les envoyer par le fond, sans sommation. D'ailleurs... même si vous êtes pas d'accord, vous savez tous autant que vous êtes que j'le ferrai. Ceci étant dit, i'peuvent hisser l'drapeau si ça leur chante, et z'ont même ma bénédiction pour nous prouver à nous tous, qu'i'z'en ont dans l'froc en provoquant l'Enfer. En disant cela, il lève sa main droite en signe de bénédiction et signe dans l'air, tout portant le rhum à ses lèvres de la main gauche.

J'prends ça pour un pas contre du Révérend... et je suis pour aussi.

Pour aussi. Résolument.

Sur le sol poussiéreux de la taverne, une main tenant une bouteille se lève

"Pour !"

elle retombe mollement dans un bruit sourd

"J'vais t'en foutre des gamines gros pourceau d'irlandais de chien des bois, tu vas crever dans la rue charogne de [...] grbmmmlll !!"

hurle une Esther furieuse de s'être fait claquer le prose et qui se débat rageusement, retenue aisément par un vankoek' rieur, alors qu'elle tente de sauter sur ce goujat barbu qui redouble de moqueries et de sarcasmes.

Elle reprends contenance puis approuve ses confrères piastreux.

"Pour !"

elle regarde ses pieds.

"Putasse j'ai ésclaboussé le jus de canneberge partout sur ma robe..."

moue en déconfiture.